La première « consigne » est donc arrivée ce matin.
Merci à Brigitte, Michel, Michèle et Alain de nous emmener avec eux en promenade… Lisez leurs textes !
photo : Clem Onojeghuo
On part en promenade ! (Brigitte)
7h30 le matin !
Un verre de jus d’orange et deux tartines confiture.
Je pars courir dans les parcs jusque vers la mer, je me concentre sur ma respiration, je n’aime vraiment pas courir alors je marche à grands pas, c’est une manière de remplacer mon heure de sport quasi quotidienne dans la salle de gym de la piscine.
Je mouline aussi les bras pour élargir le mouvement et faire vivre le haut du corps.
Je croise deux ou trois promeneurs de chiens, on se salue, certains ne répondent pas cachés derrière leur bandana sur le visage.
Ce que j’aime par-dessus tout c’est mon instant « canard » dans l’herbe, au fil de l’eau, ils se racontent leur surprise de croiser aussi peu d’humains. J’ai salué un majestueux héron silencieux, il m’a répondu de son envol vers la mer : il est libre.
Les balançoires font grise mine, confinées elles aussi , dans le plus grand silence, mais elles ont l’habitude, tous les hivers c’est pareil : cette année le printemps arrivera plus tard.
Je reviens par le même chemin : un stop à la boulangerie : pain complet, croissant faut s’offrir des petits plaisirs.
Une belle journée ensoleillée, confinée, peut commencer.
Balades en tête (Michel)
Depuis que le temps ne presse plus
J’ai mis des guillemets autour des maux
Des accolades aux vies parallèles
Le bord de mer entre parenthèses
Depuis que le temps ne presse plus
J’imagine des tournesols se tourner vers l’horizon
Et des chardonnerets chatoyant
Leur prendre quelques graines à cœur
Depuis que le temps n‘oppresse plus
La vie est respiration entre deux néants
Sans preuve par neuf sang neuf qui groove
et ne comptent plus les mauvaises histoires
Depuis que le temps ne se presse plus
Le temps s’écrit en heures perdues
Il prend les couleurs de l’heur d’avant
Qui se perd entre deux rêves « enversés »
Depuis que le temps ne me presse plus
J’invente un trait de faim et de plaisir
Je savoure les fruits d’un océan vert jade
Je prends le temps des heures que j’imagine
Depuis que le temps ne me presse plus
Je savoure les lèvres imaginée de la ria
Parfum de sourire et de sel
J’en prends pleines dents et pleine bouche
Le temps ne presse plus
Le dernier sorti éteint la lune
Et pose l’éteignoir sur les étoiles de mer
Le dernier parti tourne le vent
Le Village (Michèle)
Pour la première sortie dans le village j’ai eu envie de découvrir l’église paroissiale. Bien m’en a pris. J’ai emprunté la route en direction de l’école, seul endroit vraiment connu de moi, puisque mes petits enfants y font leur scolarité. A un moment, je prends la rue de l’église, ravie d’avoir trouvé aussi rapidement le chemin pour m’y rendre. La rue est très longue, de belles maisons de chaque côté. L’espace est omniprésent.
Toujours à la recherche de l’église, j’ai longtemps marché, découvrant des vallons, de jolies plaines dorées et la naissance de l’Yvette. Pendant cette balade, j’ai oublié ma solitude et mon âge pour me focaliser sur ces radieux paysages. Le soleil étant de la partie, l’énergie revenait petit à petit. Des petites phrases poétiques se formaient dans ma tête, à ma grande surprise.
Je n’ai pas trouvé l’église.
Quand je suis rentrée de ma balade, il était assez tard. Pas loin de 21 h. Chouquette, m’attendait devant une porte fermée pour le repas du soir. Elle miaulait, pas contente que la maison ne soit pas ouverte. Pour elle. Pour me faire pardonner, j’ai ouvert le robinet, un filet d’eau pour qu’elle puisse se désaltérer. Un câlin pour me remercier. Après avoir mangé chacune de notre côté, Chouquette dans la cuisine, moi dans la salle à manger, il était temps de mettre mon fou d’amour de violoncelliste. Chouquette semble ne pas vouloir faire de difficulté sur le choix du soir : Benedictus. Elle est déjà sur le canapé, s’étirant langoureusement. Je me suis allongée à côté d’elle pour reprendre doucement ma lecture de Seule, Venise. J’en suis à la page 72.
« Chaque vin que vous buvez doit vous rappeler un vin déjà bu, un parfum, une terre »
Chouquette ferme les yeux. Moi aussi. Je me laisse transporter par la musique. Ce parfum qui remonte en moi, c’est l’odeur de la terre… La Normandie… Je suis une toute petite fille insouciante… Je joue avec mon frère René. Le soleil nage dans la mer. Je lui partage mes rires. C’est la Terre de mon enfance… Benedictus.
22h30. Il n’y a plus de musique. Chouquette s’est faufilée par la porte-fenêtre rejoindre sa nuit mystérieuse.
Promenade(s) (Alain)
De fait j’ai deux lieux de promenade préférés, les montagnes le matin en suivant le lever du soleil et le bord de mer, en fin de journée, plus accessible géographiquement. Je vais m’étendre sur celui-ci (dixit Jacqueline Maillan : « Je ne m’étendrai pas sur moi-même d’autres l’on fait avant moi ! »).
Suivant les saisons et la météo permettant, notre balade classique, en partant du village des Boucholeurs est d’aller jusqu’au marais d’Yves. Ce n’est jamais exactement le même paysage l’heure et la hauteur de la marée jouant un rôle primordial. Autre critère important : la lumière, nous faisons des arrêts pour en prendre vraiment plein les yeux.
Parfois, si le ciel est assez dégagé, nous calculons, afin que notre randonnée d’environ 1 heure et demie et se termine un quart d’heure avant le coucher du soleil, quasiment face à l’île d’Aix.
Là nous attendons, l’horizon passe du jaune soleil à un rouge plus ou moins prononcé. Suivant les saisons le soleil ne disparait pas au même endroit. En hiver c’est derrière l’île que la couleur dominante passe au noir.
En été c’est au-dessus de la Rade de Basques, à droite de l’île.
Merci aux écrivains matinaux !!!