Quand on a un coup de blues, on la passe.
Quand on s’ennuie, on la passe.
Quand on éprouve une joie sereine, on la passe.
Quelle est la chanson qui vous poursuit depuis l’enfance ou plus tard ?
Nolwenn, Denis, Pierre et Margaux nous dévoilent leurs airs préférés.
Photo : Matthias Groeneveld
(Nolwenn)
La chanson qui me suit un peu partout me vient de l’enfance. Anne Sylvestre a toujours été mise sur un piédestal à la maison, ma mère regrettant que cette artiste ne soit considérée trop souvent que comme une chanteuse pour enfants au travers de ses délicieuses Fabulettes.
Elle m’expliquait l’humour de ces textes ou me racontait un souvenir qu’elle associait à l’une d’elles. Je chantais « Le mari de Maryvonne » en rigolant, connaissant l’issue de la chanson dès le début (l’amant autrefois aimé malgré ses défauts se fait tour à tour renvoyer par sa maîtresse, sa femme et sa mère) et j’aimais prendre un ton ironique sur « La faute à Eve » et conclure que ce n’était vraiment pas juste cette histoire de pomme.
Mais parmi cette multitude de chansons géniales, c’est « Les gens qui doutent » que je préfère. Je l’écoute toujours avec la même émotion et le texte ne m’a jamais semblé aussi juste qu’en grandissant. Je l’aime parce que je suis touchée par ces hésitants, ces douteurs, ces personnes un peu bancales dans leur jugement ou leurs opinions.
Parce que moi-même je doute beaucoup et écoute souvent « mon cœur me balancer ». Parce qu’au fond, nous sommes tous bourrés de contradictions, nous sommes tous des petits imposteurs à notre manière. Parce que cette chanson est une ode à ceux dont on ne parle pas, ceux qui n’ont rien fait d’extraordinaire ou d’historique, ceux qu’on oublie si facilement sans nous rappeler qu’on aurait pu être eux.
Les chansons nous évoquent des émotions, des souvenirs ou bien des rêves. Ce que je vois quand j’écoute celle-ci, ce sont des visages et la tendresse que j’éprouve pour eux.
(Denis)
Son auteur fut l’un des grands poètes de la seconde moitié du siècle dernier, un auteur compositeur et interprète dont j’ai apprécié l’ensemble du fabuleux répertoire. La sortie de chacun de ses disques est progressivement devenue un évènement.
C’est en 1959 qu’il produisit ce poème musical si poignant, sa chanson : « Ne me quitte pas ». Je l’ai aimée dès la première écoute, pour la beauté puissante de ses vers, le rythme de sa mélodie reconnaissable entre toutes. Elle fut reprise par de nombreux interprètes, parmi lesquels Serge Reggiani m’avait également séduit en 1964. Le chanteur enrichissait son répertoire et valorisait par sa voix chaude les plus beaux textes. Souvenez-vous : « Monsieur le Président, Je vous fais une lettre… », la chanson de Boris Vian, Le Déserteur, devenue un chef-d’œuvre par cette reprise de Serge Reggiani.
En 1965, une nouvelle reprise de « Ne me quitte pas » fit de cette chanson ce qu’elle est devenue pour moi, ma chanson fétiche, inoubliable. En entendant pour la première fois l’interprétation de Nina Simone, je suis resté pétrifié, pris aux tripes, transporté. Rien ne pouvait égaler ce cristal pur. Le texte était totalement sublimé par l’effet de cette voix inimitable, cassée de douleur, broyée mais rendue indestructible par la force de l’amour.
Je le connaissais par cœur ce poème, mais c’était comme si je le découvrais pour la première fois. A qui adressais-je alors ma supplique ? Sans doute à ma Maman, la personne que chérissait le plus au monde l’enfant que j’étais. Plus tard, et depuis, c’est à ma bien-aimée que je me suis adressé en fredonnant intérieurement ce texte bouleversant : « … Je ferai un domaine où l’amour sera roi, où l’amour sera loi, où tu seras reine… », « On a vu souvent rejaillir le feu d’un ancien volcan qu’on croyait trop vieux… », etc…
Merci au Grand Jacques et merci à Nina Simone qui ne m’ont jamais quitté !
(Pierre)
J’ai réfléchi un long moment pour distinguer parmi les chansons que j’ai bien aimées dans le passé, celle qui me plaisait particulièrement.
L’exercice était difficile car les paroles, les rythmes et les musiques ont évolué avec les époques. Chacune m’a apporté un infini plaisir.
Mon engouement est passé successivement avec l’âge depuis « Daniela » jusqu’à » les amoureux sur les bancs publics » puis « sur ton visage une larme » ou à » non rien de rien je ne regrette rien! » mais aussi « aller siffler sur la colline » , « Capri c’est fini » d’Hervé Villard et « les matins bleus » ou « tu t’en vas » d’Alain Barrière. Il y en avait tant d’autres encore…
J’étais dans cette réflexion et dans la perplexité du choix à effectuer quand j’ai entendu une petite musique qui me revenait brusquement en tête.
Il s’agissait de cette chanson que j’avais enfouie dans mes souvenirs d’enfant pour mieux la conserver, comme on cache un précieux petit trésor personnel…
Pour moi ce n’était pas une chanson ordinaire comme les autres airs ou fredaines de l’époque. C’était beaucoup plus que cela. Je me reproche déjà de ne pas y avoir pensé plus tôt en cherchant ailleurs …
C’est la berceuse que je réclamais à Maman avant de m’endormir . Alors quand de bonne grâce elle venait s’asseoir sur le bord de mon lit. Après avoir arrangé le désordre de l’oreiller, du drap et de la couverture, elle commençait à fredonner les paroles magiques qui fermaient les yeux de son gamin turbulent. C’était devenu une connivence, une sorte d’habitude entre nous pendant ces toutes jeunes années avant l’adolescence…
Maintenant la chanson revient tinter à mon oreille, même s’il n’y a plus au bout la voix bienaimée : « une chanson douce que me chantait ma Maman, en suçant mon pouce je l’écoutais en m’endormant… » de Henri Salvador.
Cette bouffée de nostalgie m’a fait du bien. Elle m’a rappelé ces moments heureux de l’enfance qui restent à jamais gravés dans mes souvenirs.
(Margaux)
Enfance :
Comptines enfantines
Insouciance de l’enfance
Pirouette, cacahuète !
Meunier tu dors !
Echos sonores
Il était un petit navire !
Nous faisaient bondir de joie
Chansonnettes et ritournelles
Ont peuplé
Nos petites têtes de fillettes
Nous les chantions à tue-tête.
Adolescence :
Joe Dassin
L’été Indien
Johnny en transe
Sur les pistes de danse
Premiers slows langoureux
Baiser doucereux
Rocks endiablés
Félicité et naïveté
Fan des années 80:
Michel Fugain
Et son big bazar
Ils se sont trouvés au bord du chemin
Voyage Voyage
T’as le look coco
Starmania
Goldman, Michel Berger
Compositeur enchanteur
De nos plus belles années
Pas une seule rengaine
Fétiche
Mais beaucoup de fredaines
Qui m’accompagnent
Au fil du temps
Et se répandent en océan
D’émotion, de joie
De délires, de désirs
Baisers langoureux
Et fougueux
Mon petit-fils chante
Avec sa mamie
Les comptines du passé
Et du présent
On chante aussi
Maître Gims
Sapés comme jamais
Ou Mat Pokora
C’est sympa
On fait la nouba
Edith Piaf aussi
Me tinte aux oreilles
Non, rien de rien
Non, je ne regrette rien
Ni le bien qu’on m’a fait
Ni le mal, tout ça m’est bien égal
Payé, balayé
Elle me fait positiver
Je ne me retourne plus sur le passé
Et je pardonne
Alors, je fredonne
Pour clore une chanson paillarde
Me revient en mémoire
Je la connais par cœur
Conteur de sa candeur
L’histoire dérisoire
De quatre jeunes et beaux
Garçons qui rencontrent
Jeanneton pour aller
Couper du jonc
Cela n’est pas très disco
Mais c’est rigolo
Merci à tous pour ces mélodies qui font danser nos coeurs…