Continuons sur notre lancée… À quoi ressemblaient vos Noëls d’enfant ?
Pierre se souvient. Chez lui, les rituels étaient immuables : sapin, crèche, agapes… Avant l’heure fatidique de l’ouverture des cadeaux, les traditions familiales s’enchainaient et faisaient grimper l’excitation des enfants !
Noël : d’abord un événement religieux
« J’appartiens à une famille catholique pour qui cette fête a toujours représenté un des évènements religieux parmi les plus importants de l’année. C’est la fête de la Nativité. La naissance de Jésus de Nazareth. Depuis tout petit en effet, j’ai su que « le Messie » était né un 24 décembre à minuit dans une petite étable. Elle était située très loin de nous, à Béthléem près de Jérusalem en Cisjordanie. Pour être au-rendez-vous avec leurs cadeaux (la myrrhe, l’encens et l’or), les trois Rois mages, Gaspard, Melchior et Balthazar devaient suivre l’ étoile qui leur montrait la route. Le berceau de Jésus était entouré de ses parents Marie et Joseph, avec la seule compagnie d’un âne, d’un bœuf et de quelques moutons qui pourraient le réchauffer. »
La fête s’annonce !
L’arrivée du sapin est un événement
« Pendant les semaines qui précèdent la fête, mon frère Guy et moi sommes maintenus sous une pression maximale. On doit surtout montrer aux parents qu’on a bien mérité les cadeaux. Sagesse et bulletins de notes sont les deux véritables sésames qui comptent en ce moment.
Les préparatifs commencent au moins trois semaines avant la fête. Nous y sommes. On est plus que fébriles…
Papa s’est mis en quête d’un très grand et beau sapin. On fait attention, on le manipule avec soin car il perd déjà ses aiguilles. Il faut ensuite le caler sur un support pour qu’il reste bien droit en direction du ciel. Au sommet du sapin on fixe une grande étoile de papier argenté du plus bel effet. On attend patiemment que le sapin tienne droit pour entrer en scène. Au signal on va alors accrocher à qui mieux mieux les boules multicolores qui se cassent facilement. Papa nous tanne pour faire très attention. Puis viennent les sujets qu’on attache aux branches avec des fils d’or ou d’argent. Plus on avance et plus on le trouve beau, notre sapin.
On se recule pour l’admirer et faire des commentaires sur une mise au point et une meilleure répartition des objets. Chez nous tout est une question d’équilibre.
On continue d’installer autour de l’arbre des petites guirlandes électriques qui s’éclairent par intermittence. C’est un scintillement merveilleux qui nous fait penser aux étoiles. Pour donner l’impression d’un vrai Noël dans le froid avec de la neige qui tombe en flocons, on entreprend de couper des petits morceaux de ouate qu’on lance sur les branches. Déjà l’odeur du sapin embaume la salle à manger. Que j’aime cette odeur ! Grâce à elle, Guy et moi ressentons mieux la fête qui s’annonce. »
Le plaisir de confectionner la crèche
« Quelques jours plus tard, on se lance, avec Maman cette fois, dans la confection de la crèche, indispensable. Papa nous a dégoté une grande caisse en bois rectangulaire. On l’habille avec un papier kraft marron qu’on froisse à l’envi pour représenter les murs abrupts de l’étable. Chacun veut donner son avis pour la composition et la disposition des personnages et des animaux à l’intérieur. Tous les ans, mes parents achètent des petits personnages (les santons) et des animaux en terre cuite et joliment peints pour garnir la crèche. Résultat : maintenant il y en a trop, et il faut choisir ! Finalement Maman décide de l’ordonnancement : les trois Rois mages seront sur le seuil de l’étable avec leurs cadeaux.
Guy et moi, on est morts de rire en répétant leurs prénoms bizarres qui nous paraissent d’un autre âge. Pourtant ils sont beaux avec leurs habits chamarrés. Après eux vient le tour des animaux qui vont entourer le berceau du nouveau-né. Par manque de place, on nous oblige à enlever plusieurs d’entre eux. Nous devons nous exécuter, la mort dans l’âme. Au bout d’un long moment, il ne reste plus qu’un âne, le bœuf et cinq petits moutons tout blancs qui ont été épargnés. Les autres restent sur le carreau, ou plutôt dans la boîte. Enfin c’est autour de Jésus que s’engage la discussion. Comment et de quoi est confectionné son berceau ? Il faut se replacer au temps de sa naissance. On sait que ses parents étaient pauvres. Donc on décide de le coucher sur un lit de paille. »
Un réveillon au déroulé immuable
Noël et ses saveurs traditionnelles…
« La soirée du 24 décembre qu’on appelle le Réveillon obéit à tout un cérémonial qui est peut-être aujourd’hui dépassé. Pour moi il est resté immuable pendant toutes ces années d’enfance et d’adolescence.
Maman a préparé sur un guéridon un ensemble d’amuse-gueule qui serviront, vers 19h, à l’apéritif des grandes personnes que les parents ont invitées pour l’occasion. Guy et moi, on dînera à 19h, mais ensuite on ira au lit. Sur la grande table où a été déployée une belle nappe blanche en toile de lin, repose une dinde de grosse taille qui attend son heure pour être dégustée. Elle entourée de marrons. Un peu plus loin, sur un plateau tournant, il y a les fromages couverts par un torchon pour éviter les odeurs. J’allais oublier les treize desserts auxquels papa tient tant pour marquer le Réveillon. Il continue même à les appeler des « mendiants » : je me souviens des noix, noisettes, amandes, figues sèches, nougat, raisins secs et clémentines… Enfin pour finir il y aura la bûche pâtissière traditionnelle (que je déteste) accompagnée de champagne et de café. »
La messe de minuit avait lieu… à 22h !
« Les adultes nous quittent vers 22h pour aller à la messe de minuit.
Nous deux, très excités par l’évènement, on a essayé de veiller jusqu’au bout mais on a finalement succombé à la fatigue…
Quand ils reviennent, ils sont tenaillés par la faim et ils entament leur gueuleton en attendant l’heure de minuit qui ne saurait tarder. »
Minuit sonne enfin l’heure des cadeaux !
» Arrive Minuit le moment le plus important pour nous : les cadeaux ! On nous réveille au milieu d’un grand brouhaha.
Dans un demi-sommeil, Guy et moi on se tient par la main pour se donner du courage. On est plus qu’impressionnés, un peu terrorisés.
Papa fait tourner à fond le tourne disques avec la chanson « il est né le divin enfant ». Tous crient d’une seule voix que le Père Noël vient de passer. Il a déposé des cadeaux au pied du sapin. Vite, vite ! On s’avance d’un pas incertain et presque titubant vers ce sapin qui semble nous tendre ses bras. Papa fait maintenant chanter Tino Rossi dans « Petit Papa Noël »… C’est le bonheur !
On découvre alors tous ces objets qui nous font plaisir. On ne met pas longtemps à défaire les paquets, saisis d’une joie frénétique, en nous montrant nos cadeaux. Puis on repart enchantés dans notre chambre pendant que les adultes continuent leurs agapes. Eux sont contents, sans doute satisfaits du devoir accompli… »
Je me souvient d’un réveillon de Noel , Bd Buisson !! fallait attendre Minuit chretien à la télé, pour commencer avec tes parents j’ai jamais oublié. Michel
Ton récit est conforme à la réalité. Il ne manque que l’apparition du Père Noël!
Réveillé en pleine nuit, nous étions terrorisés lors de son arrivée, au point de bafouiller pour répondre à ses questions.
Que de beaux souvenirs…
Merci pour cette page de notre enfance.
Ton récit est conforme à la réalité. Il ne manque que l’apparition du Père Noël!
Réveillés en pleine nuit, nous étions terrorisés lors de son arrivée, au point de bafouiller pour répondre à ses questions.
Que de beaux souvenirs…
Merci pour cette page de notre enfance.