Vous attendez de passer en caisse dans une file de supermarché. Et soudain, une petite fille vous tire la langue ostensiblement. Oui, sans doute n’en feriez-vous pas cas.
Mais là, c’est votre double maléfique qui parle, celui qui ne vous ressemble absolument pas… Alors ?!
Photo : Kamille Sampaio
Sage comme une image
(Françoise St-G)
S’il y a une chose que j’exècre par-dessus tout et qui me met immanquablement mal à l’aise, c’est bien de faire le pied de grue dans la file d’attente d’un supermarché.
Cette promiscuité forcée me dérange. Je ne sais quelle attitude prendre pour donner l’impression que je suis parfaitement à l’aise, avec mon corps, mes sens, mes pensées même.
Et quand une petite chipie, comme celle qui se trouve actuellement devant moi, me fait la grimace, mon regard ne fait que l’effleurer, indifférent, et j’essaie de passer à autre chose.
Mais, cette fois-ci, mon sang ne fait qu’un tour… Marre de mimer le détachement ! Je plonge mon regard dans le sien et… tout se précipite, malgré moi.
Mes yeux effectuent un salto avant ; mon nez s’engage dans une contorsion hasardeuse qui a pour effet immédiat d’entraîner un étirement de la bouche d’où sort une langue en vrille ; tandis que mes mains, libérées de toute entrave, s’élancent devant ma face simiesque dans des entrechats incontrôlables… Et, pour couronner le tout, un « BOUH ! », tonitruant, s’échappe du fond de ma gorge et vient frapper de plein fouet l’enfant qui se met aussitôt à hurler de frayeur !
J’affiche alors une expression des plus innocentes et détourne la tête avec candeur comme à la recherche du coupable idéal.
Whouaaah !… Ça fait un bien fou ! Je recommencerai sûrement.
(Anne-Marie)
Dans la file d’attente d’un supermarché, une petite fille me tire la langue.
Vraiment impolie, quelle insolente !
Je ne lui ai rien dit , je ne l’ai même pas regardée !
Elle est mal élevée, c’est sûr.
Et, les parents que font-ils ?! Il y a longtemps que je l’aurais emmenée s’excuser.
J’ai horreur de ces mômes impertinents…
Moi, j’aurais pris ma gamine pour lui passer un savon et l’envie de recommencer.
Il faut leur apprendre la politesse, simplement la bonne éducation !
Je hais tout ce laisser aller : plus de bonjour, merci, s’il te plait…
Et en tant que parents, serais-je restée maître d’une telle situation, avec mes enfants ? Non.
Bien sûr, moi-même en tant qu’enfant (une autre époque), je ne devais pas broncher, être polie, bien élevée.
Le monde change, les générations aussi.
Mais une bonne fessée… demandez à mes enfants, tiens !
(Saïda)
J’observais le chariot d’une femme dans la file d’attente de la caisse du supermarché du coin. La petite fille aux couettes dorées et à la frimousse d’ange, assise au milieu des quelques litres de bière et d’une dizaine de paquets de bonbons, avait un air si angélique et si doux que je lui souris instinctivement. En réponse, elle tira sa langue toute bleue teintée par le sucre d’orge qu’elle suçait. Elle me nargua de sa langue comme si elle avait compris mon attitude non verbale, jugeant sans ménagement la cargaison que sa mère déposait maintenant sur le tapis.
Solution n°1 :
> Je baisse les yeux, coupable d’avoir eu un mauvais jugement sur sa mère et son comportement alimentaire, et je ne la regarde plus.
Solution n°2 :
> Je m’en amuse et utilise le même langage, en lui adressant ma plus belle grimace. Il s’en suit un concours de la plus longue langue et de la plus belle grimace, sans se soucier des jugements des personnes autour de nous. Je retrouve la petite fille en moi et je m’en amuse.
Solution n°3 :
> Je saisis un objet dans mon chariot et je profite d’un moment d’inattention de la maman pour m’approcher de cette petite fille pour lui chuchoter à l’oreille : – « Si tu continues à me tirer cette langue insolente, je te la couperai avec ce sécateur que je viens d’acheter et je l’enterrerai dans mon jardin… ».
Je la foudroie ensuite de mon regard le plus convaincant et je rejoins mon chariot dans la file d’attente de ce supermarché du coin, contente d’avoir trouvé mon âme d’enfant pour un instant.
(Joëlle)
Une petite poupée, belle comme un cœur, me regarde avec insistance, dans la file d’attente, lovée dans les bras de son papa, un grand gaillard.
Je lui souris, attendant une réponse, un sourire de sa part, l’effrontée me tire la langue !
Oups ! Je suis surprise.
Elle est contente, elle sait très bien que ce n’est pas bien de tirer la langue à une adulte, elle a bien compris aussi que je ne peux rien tenter, contre son arrogance, je ne peux la gronder, et son père n’a rien vu. Elle est fière et malicieuse, j’irais bien lui tirer les oreilles, lui caresser les joues…
Mais j’ai mieux à faire, je cherche quelque chose dans mon sac, mais où l’ai-je mise ?
La fillette suit chacun de mes gestes, elle est intriguée !
Ah la voilà !
(Mais qu’est-ce donc se demande-t-elle) ?
Je déplie doucement le papier, et j’extirpe un bâtonnet, et au bout du bâtonnet ?
Une sucette énorme, en forme de fleur rose !
Je la déplie et fait glisser ma langue sur cette sucrerie avec un grand sourire, en la regardant dans les yeux.
D’un coup, elle fait la moue et fronce les sourcils, elle est fâchée, elle voulait me provoquer, mais voilà, c’est moi qui la provoque !
Qui est pris qui croyait prendre !!!