On continue à changer de costume pour faire la lumière sur des scènes écrites par d’autres !
Et si ce n’était pas ce que vous croyiez ?
Pierre et Alain revisitent des textes de Joëlle et Saïda.
Une soirée à vite oublier ! (Pierre)
(Écrit à partir du texte « Les deux frangins » de Joëlle à relire en cliquant ici)
Je sais, je sais, vous m’avez tous très mal jugé. Et vous aviez raison, mon comportement n’était ni compréhensible ni acceptable !
Pourtant mon invitation de ce samedi soir partait d’un bon sentiment. Je voulais remercier mes proches pour leur aide, leur participation à la mise au point de ma nouvelle moto de compétition. Ils m’ont persuadé que j’allais sûrement gagner.
Quel meilleur moment que cette soirée entre nous, la veille de cette course qui a lieu demain dimanche après-midi. J’espérais grâce à leur présence chasser ce stress qui me gagnait d’heure en heure. …
Je voulais faire plaisir à mon frangin Cyril qui a réussi le rodage complet du moteur et le réglage de la boîte de vitesses. C’est mon aîné de trois ans. Depuis le plus jeune âge, il m’a encouragé à faire de la compétition et m’a soutenu dans les moments les plus difficiles. Nous sommes unis comme les deux doigts de la main. Je sais que je peux compter sur lui. Quant à mes deux autres amis, Bertrand et Jacky, l’un s’est chargé du choix des meilleurs pneumatiques et l’autre a réussi ce tuning du tonnerre qui fait retourner les filles sur mon passage.
Ce matin-là j’étais donc heureux, je flottais comme sur un nuage.
Cette moto c’est un vrai bijou. Elle m’a coûté un bras c’est-à-dire la quasi-totalité de mes économies. Je l’aime et je la bichonne comme si c’était ma véritable compagne.
J’avais tout prévu dans la matinée de Samedi pour ce barbecue dans la soirée avec les boissons et le charbon de bois achetés au Supermarché, les côtes de bœuf et les saucisses chez le boucher, et les légumes d’accompagnement. Tout était réglé comme du papier à musique.
Patatras! Le pire peut alors arriver quand tout va trop bien…
Pourquoi ais-je eu cette idée de dingue d’aller faire un tour à moto dans l’après-midi. Dans ce terrain caillouteux, plein de bosses, de trous cachés par une végétation luxuriante. Je suis tombé dans une profonde crevasse avec un grand fracas de ferraille. Le réservoir fuyait, une roue était voilée, le guidon tordu et une pédale cassée. Mes chances et les espoirs de réussite s’envolaient. J’imaginais aisément la tête de mon frère et celle de son épouse Joëlle, la déception et le dépit de Bertrand et de Jacky… C’était comme si le toit du monde m’était tombé sur la tête.
Je suis rentré péniblement chez moi en traînant l’engin sur des kilomètres. Pour tenter d’oublier ma bêtise j’ai commencé à boire ce qu’il y avait sur la table. J’avais honte de téléphoner pour annuler la soirée. Je voulais me faire tout petit et me cacher. Là haut dans ma chambre je suis tombé en voulant aller uriner. Je suis resté alors là sans bouger, comme prostré.
Comme dans un rêve j’ai entendu la voix de mon frère et son épouse. J’ai alors expliqué mon infortune à Cyril. Après un gros moment de colère où il m’a affublé de beaucoup de noms d’oiseaux, il a décidé de nous mettre au travail pour réparer la moto. Il m’a fait prendre une dizaine de cafés serrés avec du sel. Nous avons travaillé comme des forcenés jusqu’à 2 heures du matin. Ensuite il est descendu s’allonger sur le vieux canapé.
J’ai pu participer à la course où j’ai terminé dans le trio de tête. J’avais pu sauver la face malgré tout les avatars d’une soirée gâchée.
Je me sentais quand même redevable d’offrir une réparation pour ressouder notre amitié. J’ai donc décidé de leur offrir d’abord un dîner plantureux dans le restaurant le plus réputé pour sa cuisine de terroir et ses vins de qualité. Ensuite je les inviterai au champagne dans la boîte de nuit à la mode « la Carapate ». Je sais que cela plaira à ma belle-sœur qui adore danser.
Rose (Alain)
(Écrit à partir du texte « La dette » de Saïda à relire en cliquant ici)
Quand les flics m’ont contrôlée, je n’avais que quelques grammes de chanvre sur moi. J’ai dit que c’était pour ma consommation personnelle.
En fait je voulais dépanner mon copain Tchykaya. Ils m ‘ont conduite au commissariat. Dans la salle d’interrogatoire on m’a laissée mariner pendant plus d’une heure, entretemps la nuit était venue.
A la lumière d’une lampe de bureau, façon film en noir et blanc des années cinquante, ils ont commencé à m’interroger. Au bout d’une demi-heure, l’officier de police qui me questionnait m’a déclaré : « On n’attend pas que tu te mettes à table, tu ne nous intéresses pas directement. Sur toi, on a déjà un bon dossier ». Il m’a montré des photos où l’on me voyait très nettement en plein deal.
« On a aussi ce qu’il faut sur James et Ryan, pour les faire tomber quand on veut. En fait c’est l’étage au-dessus qui nous intéresse. Ce sont les importateurs de la marchandise notre objectif.
On passe l’éponge pour toi mais tu n’as pas d’autre choix que de nous aider.
On te garde, jusqu’à demain dans la matinée et on fera savoir qu’on n’avait pas assez de preuves pour te retenir ».
Dès le soir de ma sortie, j’ai repris contact avec Ryan et James.
Ils m’ont remis un sac pour que je reprenne mes livraisons.
En quittant la barre d’immeuble, j’ai aperçu Theresa qui rasait les murs. Malgré son masque nez de cochon et ses lunettes de soleil (en plein nuit !) je l’ai bien reconnue…
Ryan avait dû l’appeler dans l’après-midi pour qu’elle me remplace… elle aura fait le voyage du Sud au Nord pour rien.
Je suis ravie de vous retrouver autour de nos textes…Merci…