Défi "confinés inspirés"

Défi J19 : Une chanson qui nous ressemble (1/3)

C’est un air qui nous trotte dans la tête depuis mille ans.
Quelques notes qu’on connaît par cœur et qui continuent à nous donner des frissons sitôt qu’on les entend.
On a tous une chanson fétiche, non ? D’où vient la vôtre ?!
Découvrez celles d’Églantine, de Saïda, de Joëlle et de Françoise S.

Photo : Andrea Piacquadio


(Églantine)

Mes émotions sont un peu étranges. Je suis généralement assez douée pour les contenir ou les maîtriser, ce qui peut parfois me donner l’air « insensible » quand je ne pleure pas dans des situations très tristes. Paradoxalement, il y a des fois où je suis incapable de retenir mes larmes alors que je le voudrais, notamment quand je suis vexée ou en colère. Et quand j’étais enfant, c’était aussi le cas lorsque j’étais émue par la beauté de quelque chose. Je ne pouvais donc jamais m’empêcher d’avoir « un cil dans l’oeil » face au film E.T. l’extra-terrestre, ou lorsque j’entendais L’Hymne à l’Amour d’Edith Piaf. 

J’avais en quelque sorte oublié cette chanson jusqu’à cette année lorsque, en me promenant sur les réseaux sociaux il y a quelques mois, je suis tombée sur une reprise magnifique. Je me suis alors souvenue d’une toute petite moi, âgée de 4 ou 5 ans, ultra-concentrée pour ne pas pleurer sur le canapé alors que mon grand-père venait de lancer le vinyle de Piaf dans le salon. Je crois que c’était vers la période de Noël. C’était la première fois qu’une chanson me faisait un tel effet, ce qui était assez déconcertant pour moi. Je me souviens que je m’étais mise à adorer cette chanson autant qu’à la détester parce qu’elle me faisait pleurer, et que pleurer c’était « la honte ». 

Ce n’est peut être pas une chanson qui m’a accompagnée toute ma vie mais elle a une place très particulière dans mon coeur, encore aujourd’hui elle me rend à la fois triste et heureuse. L’écouter me procure beaucoup d’émotions contradictoires, mais qui me prouvent bien que je ne suis pas insensible. Je l’écoute souvent en voiture, et ça me fait du bien. 


(Saïda)

Cher George,
Je me suis accrochée à tes quatre bouts de bois quand dans ma vie il faisait froid.
Lorsque j’ai eu faim, tu m’as aidée à traverser cette épreuve en nourrissant ma foi.
Le sourire sur tes lèvres m’a accompagnée comme du miel récolté sous le grand soleil. 
tu l’as deviné, la chanson de l’auvergnat est toujours en éveil.
Merci à toi cher Brassens de m’aider encore aujourd’hui pendant mes longues nuits de veille.
A ne jamais oublier d’où je viens, quand dans ma vie il fait froid…


(Joëlle)

C’est un flash-back qu’il m’est aisé de faire, un moment d’une infinie tendresse.
Dans les années 70, j’habite à Chartres, avec mes parents.
Le samedi après-midi, les jours de pluie, confinée dans notre appartement je joue avec mon père, assise sur ses genoux ( je suis haute comme trois pommes), nous sommes face à face. 
Et nous chantons : 

mon père m’a donné des rubans, des rubettes, 
mon père m’a donné des rubans satinés
pour faire une jarretière à ma bonne grand-mère…

Nous commençons doucement, car il ne s’agit pas de « chanter » seulement, 
Il faut, en rythme, frapper dans nos mains, je vous montre :
« mon père » on frappe sur nos genoux, une fois
« m’a donné » on frappe dans nos mains
« des rubans » je frappe dans la main opposée à celle de mon père, 
Puis sur nos genoux encore, dans nos mains, plus vite et main opposée 

Nous accélérons la cadence, nous frappons nos mains de plus en plus vite,
les paroles s’enchainent à une vitesse folle, les mains ! ne pas se tromper !
Et encore plus vite, et plus vite encore… « mon père m’a donné » oh la la !
« Des rubans des rubettes »…
On rate un croisement de main, on rit, on éclate de rire, essoufflés et tellement heureux.
Je le prends dans mes bras, je respire fort et murmure : « encore papa, encore une fois »…


(Françoise S.)

Je chante un baiser
Je chante un baiser osé
Sur mes lèvres déposé
Par une inconnue que j’ai croisée
Je chante un baiser

C’est ainsi que commence cette ballade d’Alain Souchon, ballade car c’est à la fois une mélodie simple, douce et entêtante, et balade car ça parle d’une rencontre (réelle ou imaginée) pendant une promenade (réelle ou imaginée) suite à une déception amoureuse.
Quand j’écoute cette chanson je vois le déroulé du film :

Marchant dans la dune
Le cœur démoli par une
Sur le chemin des dunes
La plage de Malo Bray-Dunes.

Puis vient une description du décor de « la mer du nord en hiver », les couleurs, la houle (« des éléphants gris-vert, les Adamo …)
Et puis …La Rencontre inattendue !!!

Elle s’est avancée
Rien n’avait été organisé
Autour de moi elle a mis ses bras croisés
Et ses yeux se sont fermés fermés 

[…]
Toi qui as mis
Sur ma langue ta langue amie
Et dans mon cœur un décalcomanie
Marqué  liberté liberté chérie…

Et voilà ! Sans même le connaître elle s’approche de lui, passe ses bras autour de son cou et l’embrasse en fermant les yeux.
Bon, il faut reconnaître que dans la même situation j’aurais fait la même chose : Souchon seul sur une plage trainant son habituelle mélancolie…j’irais le consoler !
Et puis :

Elle est repartie
Un air lassé de reine alanguie
Sur la digue un petit point parti
Dans l’Audi de son mari…

… Elle s’en va.
L’histoire est finie.
Mon film aussi !!!

Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi j’aime cette chanson : peut-être parce qu’elle parle d’un moment de bonheur fugitif, dont il faut profiter sur l’instant car il ne se reproduira pas ? 

Ou encore tout simplement parce que j’arrive parfaitement à me « faire le film » de cette rencontre ? 

Ou encore parce qu’elle fait part d’un moment hors du temps, comme si le temps s’était suspendu au moment de cette rencontre ? 

Et/ou la liberté de donner ce baiser sans conséquence aucune ?

Amis romantiques, vous connaissez sûrement déjà cette ballade ?

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