Défi "confinés inspirés"

Défi J4 : Dialogue entre moi… et moi ! (2/3)

Nous continuons le voyage dans les fors intérieurs des participants…
Que raconte la petite voix de Michèle, Isabelle, Alain et Pierre ?
On écoute !

(Michèle)

Confortablement installée dans ce lit, beaucoup trop grand pour moi, je savoure tranquillement cette paresse qui m’envahit généreusement. De la fenêtre grande ouverte, je peux voir les arbres. Sentir les premiers rayons de soleil, écouter la terre se réveiller.
J’entends ma respiration. En moi-même, je souris. Je suis bien vivante. Mon âge aujourd’hui me semble beaucoup plus acceptable qu’hier. Je ne m’en veux pas ce matin de mes essoufflements, de la difficulté à marcher, d’être seule, sans compagnon. J’allonge le bras pour tâter la place vide à côté de moi. Après tout, c’est peut-être mieux comme ça… Je deviens vieille… pas question de devenir un vieux fardeau… peur de mal vieillir…  j’en ai la chair de poule !

Sans m’en rendre compte, je réfléchis à voix haute :
– Mais ma fille, en plus tu radotes…
– Tu crois ?
– Pas de doute, tu files un mauvais coton.
– A ce point ?
– Tu as vu ta tête de désespérée…
– Quand même, tu exagères un peu..
– Tu es blanche, triste, sans vie !
– C’est rien ça.. c’est à cause de mon anniversaire. Une prise de conscience.
– Oui, mais pas besoin de te maltraiter… de la douceur ma fille, de la douceur !
– C’est vrai. Faut que je sois bienveillante avec moi-même. Cela va m’aider à passer ce cap et puis à réfléchir aux bons côtés de la situation. Il y en a forcément..

Je regarde autour de moi. Je déraille. J’en suis convaincue. Mais je suis seule. Heureusement.
– Finalement. Au point où j’en suis, je vais même chanter…
– File ma fille, va prendre ton petit déj. Sois légère, le soleil est trop beau ce matin !


De MOI à moi (Isabelle)

J’ouvre les yeux… 3h16 du matin… Comme la nuit dernière et celle d’avant… Rien à faire… La moulinette se met en route… et je suis partie pour deux heures d’insomnie, comme d’habitude, à dialoguer avec moi-même !

MOI : Faudrait que je me rendorme.
Moi : Tu ne vas pas y arriver…
MOI : Non ! Je ne vais pas y arriver. Je vais lire des trucs sur mon portable.
Moi : Vaudrait mieux pas… La lumière bleue empêche le sommeil.
MOI : Je sais mais tant pis ! Ca me passera le temps.
Trente minutes plus tard…
MOI : J’ai faim. Je vais me lever grignoter un peu… Ca va me calmer. 
Moi : Non, surtout pas ! Tu prends du poids actuellement…
MOI : C’est vrai mais un verre de lait ça ne fera pas de mal.
Moi : Est-ce bien raisonnable ?
MOI : Avec du miel…
Moi : De mieux en mieux !
MOI : Et une petite biscotte à la confiture. Non ! Deux ! Hum ! C’est bon… Ca fait du bien !
Moi : Et ben voilà ! Tu es contente ? Tu vas grossir c’est sûr, si tu continues comme ça !
MOI : Mais j’en ai marre moi, de passer mes nuits à regarder tourner la montre. Et puis j’ai faim ! Demain matin je ferai l’impasse sur le petit déjeuner. Ca compensera ! Allez, je retourne me coucher…
Une heure plus tard… 
MOI : J’ai mal au dos bon sang !
Moi : Normal, tu as jardiné toute la journée, hier.
MOI : Oui mais ce n’est pas la première fois et je n’ai jamais eu mal au dos comme ça, jusqu’à présent !
Moi : Tu vieillis…
MOI : Hum ! C’est ça… Je vieillis et d’en prendre conscience ne va pas m’aider à retrouver le sommeil ! 
Moi : Tu as encore de la marge avant le cimetière…
MOI : Oui j’ai de la marge… Mais ça m’angoisse ! Tiens… Je vais mettre la radio en sourdine…
Moi : Et tu crois que ça va calmer tes angoisses d’écouter toutes les nouvelles anxiogènes ?
MOI : Je vais arrêter France Inter… Ca me tue d’écouter les infos ! 
Moi : Je te l’avais bien dit !
MOI : La musique douce alors ?
Moi : Oui ça serait bien la musique douce… Il est déjà cinq heures… C’est l’heure à laquelle tu te rendors d’habitude.
MOI : On est d’accord pour une fois ! D’ailleurs je sens que le sommeil revient… A plus tard ! 


Déformation… (Alain)

J’ai un problème d’oreilles, celles-ci parfois déforment les sons qu’elles reçoivent. Cela devient un jeu de mots. Souvent, si je le cite, il est rarement compris à la première audition. Commentaire fréquent « Je ne suis (suivre) pas … »
Et non, je panse (le cheval) donc j’essuie, comme dit le palefrenier, moins connu que Descartes « Je pense donc je suis » (plus proche de, je ponce donc…).

Exemples, le premier récent, « l’accro assis », consultant de manière obsessionnelle, les cartes des bords de l’Adriatique, pour la Croatie. Nous envisageons d’en visiter la partie Nord.
Le second concerne le gourou des Beatles, Ravi Shangar. A-t-il une belle voiture « ravissant car » ou au contraire n’a-t-il pas de voiture « ravi sans car » ?
Un troisième pour la route, par rapport au sujet sur le rire : Sans coup férir devient en cent coups faire rire…  

C’est beaucoup, ça peut durer longtemps…


Vers une introspection utile et bienfaisante (Pierre)

Pour arriver à ce dialogue avec moi-même il faut se connaitre suffisamment. Comme nous le déclare l’ami Socrate « connais-toi toi-même! ». 

Les années passant j’ai été́ aidé par les parents, la fratrie, le conjoint, les amis et les adversaires. lls ne manquaient jamais d’éclairer mes travers. Pour m’améliorer ? Je veux bien le croire … 
J’ai appris qu’on me trouvait autoritaire, coléreux, rêveur, inattentif, impatient, diplomate ou retors.. 

Pour mieux comprendre j’ai alors engagé ce monologue :

– Pourquoi es-tu autoritaire, cela ne sert à rien ! Et souvent pour des choses futiles. Personne ne t’écoute. ll vaut mieux convaincre avec des bons arguments et une parole douce et agréable.
– Tu as raison ! C’est ce caractère hérité de l’éducation des parents et celle des bons pères Salésiens. Je vais me corriger et changer de ton, c’est promis! 

– Je n’ai pas encore fini avec toi ! Pourquoi es-tu coléreux et impatient ? Tu passes pour un mauvais coucheur et on se méfie de toi ! On évite de te confier des confidences ou des secrets car tu t’emportes trop facilement !
– C’est vrai que je m’emporte facilement quand on me contrarie. C’est sans doute dû à un sursaut d’orgueil ou de la fierté mal placée. J’en ai pris conscience et je commence à évoluer vers plus d’écoute et de sérénité… 

– ll y a aussi ce gros défaut que tu cultives volontiers : la rêverie et l’inattention. Cela te poursuit pourtant depuis le plus jeune âge et semble te coller à la peau. Pourquoi adopter cette attitude qui agace l’entourage ? Souviens-toi des nombreuses occasions où il faut te répéter un propos ou une situation déjà largement connus. Ne veux-tu pas changer ?
– Tu le sais bien toi ! j’ai pris ces manières lorsque je voulais m’évader de la timidité de l’époque. C’était un refuge que je retrouve quand une situation me parait compliquée. Heureusement avec mon épouse qui n’aime pas cette attitude je combats volontiers ce travers en restant attentif. 

– Pour en finir aujourd’hui avec notre tête-à-tête je dois te reprocher ta drôle de façon de vouloir être diplomate au risque de passer pour un retors. Tu sais pourtant qu’il faut rester franc, direct et toujours dire la vérité́ ?
– Je voudrais bien écouter tes conseils. C’est par empathie envers les gens que j’agis ainsi. D’ailleurs je n’aipas toujours été payé de retour quand j’ai voulu être direct et dire une vérité́ qui n’est pas toujours bonne à dire !
Faut-il fâcher ou perdre des amis pour être franc? Je vais encore y réfléchir… 

2 Comment

  1. Isabelle, tous les soirs avant de m’endormir, après une méditation, je demande au gardien de mon cœur de m’aider à trouver la solution à ma problématique du moment. bizarrement, je ne me sens plus seule.
    Michèle, ton récit me touche, tu n’es pas seule,
    Alain, le sourire sur mes lèvres, je te suis, j’adore,
    Pierre,ton tête à tête avec toi-même me fait penser au travail que je fais avec moi-même. Nous avons tous un tempérament de base et l’authenticité avec soi-même est toujours plus saine. Jouer un rôle exige toujours plus d’énergie. En tout cas en ce qui me concerne…
    Continuez s’il vous plaît à écrire….

    1. Merci Saîda pour ton comentaire qui encourage à continuer d’écrire.
      Dans cette « solitude confinée » nous gardons un lien agréable et amical. Bises. Pierre

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