Défi "confinés inspirés"

Défi J4 : Dialogue entre moi… et moi ! (3/3)

Alors, que raconte cette voix dans notre tête ?
Aimable, horripilante, intransigeante ?
Suite et fin avec les les textes de Joëlle, Denis et Margaux !

Petites voix intérieures (Joëlle)

Ce matin j’écoute la radio locale, comme d’habitude.
Comme d’habitude, il y a le jeu du « C’OU KISCACHE ? ».
Il faut, grâce à quelques indices, trouver un lieu et être très rapide pour communiquer la bonne réponse à l’antenne.
Comme souvent, je connais la réponse, mais une discussion étrange arrive dans ma tête :

– Allez, vas-y appelle, tu connais la réponse !
– Non j’hésite !
– Pourquoi tu hésites, tu as la trouille ?
– Et si l’animateur me demande ma profession, comme souvent ?
Je lui dis quoi ? Je ne peux pas lui dire que j’ai été licenciée ?
Non je serais trop mal à l’aise !
Non mais je le ferai la prochaine fois !
– Tu dis ça tous les matins, tu peux le faire, allez, un peu de courage, ça va durer deux minutes…
– Non je n’ose pas !
– Mais si, vas-y, prends le téléphone, allez !
– Bon ok, tu me fatigues…

Me voici à l’antenne :
– Joëlle bonjour, quelle est votre réponse ?
– « La porte des 2 moulins ».
– C’est une bonne réponse, bravo vous avez gagné une enceinte !

La discussion dans mon crâne reprend :
– Voilà tu l’as fait, ce n’est pas un drame !
– Ok c’est bon, on n’en parle plus…
(Je suis bien contente de l’avoir fait, mais je ne lui dirai pas à l’autre !)


Maudite cigarette (Denis)

Ce genre de discussion avec moi-même peut survenir tous les jours, à n’importe quel moment. Très fréquemment, ma consommation excessive de cigarettes en est la cause ou le point de départ.

– Tu t’es déjà regardé avec ton éternelle clope au bec ? Du matin au soir, tu les enchaines. Sais-tu au moins combien tu en fumes chaque jour ?
– Je n’y fais plus attention. C’est un réflexe.
– Mais où est donc le plaisir, depuis 50 ans que tu fumes comme un pompier ? Ne penses-tu pas en avoir fait le tour ?
– Ce n’est pas le plaisir que je ressens, mais la réponse à un besoin permanent. Je suis addict, sans en être fier.
– Tu es un égoïste qui a pourri la vie des tiens. Ta femme et tes enfants, y as-tu pensé alors que tu enfumes leur air en permanence. Il n’y a que tes petits-enfants que tu as accepté de préserver.
– Preuve que j’ai une conscience, non !
– Et ta santé, y as-tu seulement songé ? Finalement, tu as de la chance d’être encore en vie.
– J’y pense tous les jours.
– Alors, où est le problème, qu’est-ce qui te retiens d’arrêter ?
– C’est le besoin qui me retient. Mes tentatives d’arrêt complet ont toutes été des échecs.
– C’est plutôt ton manque de volonté, mais tu refuses de te l’avouer, de remettre en cause tes certitudes faciles.
– Non, je dois livrer un combat quotidien contre moi-même. Ma volonté n’est pas en cause.
– Te rends-tu compte du budget que tu engloutis depuis tant d’années ?
– Ce n’est pas ma pingrerie qui me fera arrêter. Je sais que c’est faramineux. J’assume.
– Alors, tu ne fais rien ! Tu continueras à allumer ta première cigarette au réveil, avant même d’avoir envisagé de prendre un petit-déjeuner, aussi réduit soit-il. Tu continueras à fumer ta dizaine de cigarettes au cours de chacune de tes prochaines parties de golf ? Ton rythme d’achat de deux cartouches tous les quinze jours te satisfait ?
– Et bien non ! Je refuse tout ceci, enfin. J’ai décidé de réduire ma consommation de cigarettes à moins de dix unités par jour. Tu vois, je tiens depuis huit jours, déjà un petit exploit ! C’est un bon début et j’ai l’espoir de faire mieux encore dans quelques semaines, quand je pourrai retrouver l’air pur de ma campagne.


Discours intérieur (Margaux)

Je crois que j’ai un petit chef dans la tête et il me fatigue, il me donne des ordres ! 
Surtout avec tous les projets qui me trottent dans l’esprit…
– J’ai mis en route mon potager mais il me manque des fraises, du persil. Bon, je vais planter mes haricots verts bientôt mais après la pluie j’ai l’impression que l’on va avoir la sécheresse. Il faut arroser…
– Je me dis, ma cocotte, il faut que tu te secoues. Regarde si Jardiland est ouvert ou va à Carrefour. 
(Mais comme j’ai toujours quelque chose d’autre à faire, j’envoie mon mari aux courses.)
– Cela devrait être à mon tour pourtant !
– Oh la prochaine fois ! Soyons clément avec nous-mêmes !

Plus je reste chez moi plus je me renferme dans ma coquille, c’est pénible. 
– Bouscule-toi un peu ! Tes copines t’appellent ! Tu réponds pas toujours ! Tu repousses à plus tard quand tu ne sauras plus quoi faire ! 
(Des fois, j’aurai même envie d’aller aider les copines au taf !)

Mes petits-enfants, pour l’instant, je ne peux pas les voir ni les garder. Ma fille est en congé de maternité avec son fils et sa petite fille qui vient de naître. Je ne peux même pas l’aider.
– Pense donc à toi, il le faut. Tu as toujours pensé aux autres.
– Détends-toi ! 
(Oui mais il faut que je bouge sinon je deviens folle.) 

Quelle sacrée tête de mule !

1 Comment

  1. Denis et Margaux, ne vous jugez pas trop sévèrement. Denis, bravo pour les 8 jours d’abstinence au tabac.
    Joëlle, le mot qui me vient à l’esprit , c’est oser…
    Merci à vous tous

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