Comment décrire la joie qui nous bouleverse, la sensation qui nous submerge lorsque survient l’instant de grâce ?
Un petit rien qui rend le jour plus lumineux et la vie plus douce…
Profitez de quelques mots bienfaisants avec les textes de Michel, Monique et Lise…
Photo : Inspired Images
Si peu de chose (Michel)
Quelque chose
Peu de choses sans doute
Mais autre chose
Une chose en soie peut être
Un fond de chose,
De quelque chose
De verre, de bouteille
Après la fête.
Un fond sonore
Quelque chose, pas grand-chose
Mais autre chose
Que les choses biens
Dans ce tout chose permanent.
Quelque chose
Qui ne soit pas chose
Et qui nous sorte du quelque chose
Qui nous colore
Tout chose
Tout vert tout à l’égout
Comme les couleurs qui ne se discutent pas.
Quelque chose
Autre chose
Sans haut, ni bas de chose
L’infini ?
Infinitésiment petit ?
Mais pas de ces choses pieds qui ne durent
Que ce que dure le temps d’un cor et des cris.
Quelque chose
Peu de chose sans doute
Mais autre chose
Qui dure ce que dure
le temps des choses.
(Lise)
Le brouhaha des instruments s’évapore, l’obscurité a englouti la salle… nous laissant quelques secondes en suspension dans le vide.
La musique s’élève dans le ciel de l’Opéra Bastille, entrainant avec elle le rideau. Je ne m’attends à rien, je suis là pour lui faire plaisir plus que par réelle envie d’y être.
Décors gigantesques, corps sculptés, jeux de lumière, le tout baigné dans la musique de Tchaïkovski. Je suis saisie. Le souffle coupé, les yeux écarquillés, me voilà clouée à mon fauteuil pour les trois prochaines heures.
La grâce des pieds jusqu’au bout des doigts de chacun des danseurs m’interpelle. Je n’en reviens pas : comment peut-on faire de tels efforts, avec une telle précision, une telle coordination de groupe, pendant si longtemps sans jamais donner l’impression de faire le moindre effort. Comment peut-on transmettre autant d’émotions sans prononcer un mot et à une telle distance du public ?
Je vais de surprise en surprise. Les tableaux se succèdent, l’orchestre déroule ses mouvements, les danseurs habitent la scène… et m’emportent avec eux. Je suis subjuguée. A chaque fois que la lumière s’éteint, je pense que le plus beau est derrière nous. Lorsque la lumière revient : me voilà emportée de nouveau, un peu plus soufflée !
Mes yeux et mes oreilles sont suspendus aux étoiles qui volent sur la scène, portées par l’orchestre. Je suis dans une autre dimension… des larmes coulent le long de mon visage. Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau, d’aussi complet… comment ai-je pu passer à côté d’autant de beauté si longtemps ?
Après le final, le rideau se baisse, l’orchestre se tait. Ces trois heures m’ont semblé n’être qu’une fraction de seconde, je viens de vivre une expérience folle. Je profite des saluts pour ancrer ce souvenir dans ma mémoire et reprendre mes esprits.
Je ne connaissais rien à la danse. Je ne pensais pas y être particulièrement réceptive. Nous avions choisi le Lac de Cygnes, que j’imaginais sans surprise. J’avais tort et je n’ai jamais été aussi heureuse d’avoir eu tort. Depuis, j’ai assisté à d’autres représentation du ballet de l’Opéra de Paris, avec toujours autant d’émotion.
Nous avons le bonheur de partager cet intérêt avec mon fils aîné, qui a vu son premier ballet à Bastille à 6 ans, avec beaucoup moins d’a priori que moi. J’ai été très émue de le voir vivre cette expérience avec autant d’intensité que moi, quelques années auparavant.
Le premier instant qui s’est imposé à moi… (Monique)
Ca se passe sur le fleuve Amazone.
Nous sommes quatre dans une pirogue avec un guide local.
Nous avons passé une superbe journée pleine de découvertes.
Le soir arrive. La pirogue s’arrête.
Le soleil se couche.
La lumière est partout dans le ciel, sur l’eau.
Nous baignons dans la lumière.
Couleurs intenses. Silence. Sentiment de plénitude, d’apaisement total. Emotion partagée. Aucun d’entre nous ne parle.
Le temps s’arrête et je voudrais que ce moment s’éternise.
Il restera à jamais gravé en moi.
Merci pour ce lien tissé par vos mots…