Défi "confinés inspirés"

Défi J21 : Y a d’la joie ! (2/3)

À partir de six mots extraits d’une page de Bonjour tristesse, chacun a rédigé un texte.
Avec un autre dénominateur commun, le thème de la joie !
Lisez les textes d’Isabelle, Michèle et Joëlle.

Photo : Andre Furtado


Plaisirs du jardinage (Isabelle)

Deux mois ! 
Deux mois à tourner en rond dans ma maison !
Mais comme je dispose aussi d’un jardin, on peut dire qu’en ces temps de confinement je suis tout de même chanceuse.
Ainsi lorsque je suis lassée de lire ou écrire, coudre ou cuisiner, briquer ma maison du sol au plafond ou rêvasser dans mon lit, j’ai au moins une échappatoire pour aller respirer l’air pur et m’adonner aux joies du jardinage. 

Encore que ! Avant de planter et semer, la grosse question est de savoir comment se procurer le fumier de cheval nécessaire à amender la terre ? J’ai eu beau chercher dans la liste des sorties autorisées, je n’ai jamais trouvé celle me permettant d’aller récupérer mon précieux lisier, pas plus que mes plants de tomates ou autres pieds de courgettes. Il paraît que ce n’est pas considéré comme sortie de première nécessité !  Pourtant, chacun sait que fumer correctement un sol est gage de bonne récolte ! Et par les temps qui courent, nous ne sommes pas à l’abri d’une grande famine comme au temps de la peste noire !

Le cœur brisé, j’ai dû reporter mes plantations et me contenter d’écouter la mélodie des lombrics et leur lent travail de décomposition. Alors, peut-être pourrai-je enfin épandre mon compost d’épluchures, pauvre ersatz de fumier, me permettant de récolter tout au plus de quoi ne pas crever de faim…Quelle misère ! Mais bon sang, ne serait-il pas temps de libérer enfin les jardiniers ? Qui peut me répondre ???


(Michèle)

Quand Claude avait sa maison à Loulerie, il aimait réunir toute sa famille en de fastueux repas le soir près de la cheminée, comme autrefois dans les campagnes. Il présidait toujours la grande tablée. Généreux à l’excès, la bonne viande et le bon vin étaient servis avec classe, pour libérer la bonne humeur de chacun. Dès le repas terminé, pas question de tourner en rond. Claude s’activait déjà à préparer l’ambiance de la soirée dans le très joli salon que j’aimais particulièrement car au plafond, Claude avait fait peindre des salamandres. Le résultat était surprenant, nous faisant oublier par moments que nous étions dans une grande ferme. 

Claude était dans la vie d’une humeur incroyablement joyeuse et chacun recherchait sa compagnie. Son plaisir était de choisir la bonne mélodie pour encourager les bons talents à se manifester sur des sujets amusants de la publicité. Ici, la grande pièce et les jeux de lumière donnaient un éclairage surnaturel au salon. Souvent, la question qui était sur toutes les lèvres était de savoir qui allait commencer le jeu. Mais mon frère avait plus d’un tour dans son sac. Toujours une cigarette à la main, il se déplaçait pour mesurer l’espace et installer le décor, dans un nuage gris blanc, vaporeux. Fumer faisait partie du personnage. Tel un scénariste, il ne laissait rien au hasard pour s’amuser et faire rire son public familial. Souvent, je me dévouais pour lancer le spectacle avec mon frère. 

Un souvenir vieux de plus de quarante ans me revient en mémoire et me fait encore rire aujourd’hui. Je regarde souvent cette photographie de Claude et moi, en duo, costumés avec les chapeaux et les robes colorées, sans oublier le précieux boa, imitant sur une joyeuse chorégraphie la publicité du bas Dim.


(Joëlle)

Tourner en rond comme un lion en cage ? Non !
Libérer son esprit, malgré la pandémie
Question de survie : lire, rire, manger des sushis
Soulever ce plafond de verre, ne pas se taire
Crier, chanter, fredonner des mélodies
Fumer, boire, danser, se laisser aller à toutes les folies.
Dans un océan de vacances imprévues,
Trouver le temps d’appeler sa famille, ses amis
Découvrir la joie de sortir une heure
Attendre avec frénésie tous les jours le facteur
S’improviser artiste peintre avec plus ou moins de résultat
Faire chaque jour 30 mn de gym avec « Véro et Davina »
Organiser des apéros par écrans interposés, 
Ecouter toute la musique du monde, bien orchestrée
Voilà pour ma part un programme qui ne me déplait pas
De toutes façons nous n’avons pas le choix !

1 Comment

  1. Je t’imagine Isabelle dans ton jardin au milieu des fleurs, car tu es une fleur parmi elles. Merci
    Michèle, tu parle de Claude au passé mais si présent à la fois. Merci pour les souvenirs auxquels on s’accrochent.
    Joëlle , tu es à toi toute seule l’optimisme à toute épreuve et je t’en remercie

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