Défi "confinés inspirés"

Défi J3 : En mode logo rallye (2/4)

Deuxième série de textes qui obéissent à la consigne du rallye logo.
On tricote autour des six mots imposés…
Ici les textes de : Denis, Margaux, Julie, Anne-Marie et Annie.

Vie de couple (Denis)

Force est de constater que la situation était cocasse ! Mais tellement banale ! Monsieur, confortablement installé au milieu du salon dans son immense fauteuil, lisait son journal sportif quotidien ; il paraissait hypnotisé par ces lignes qui lui dévoilaient les derniers résultats des épreuves des Jeux Olympiques. La contre-performance d’un concurrent national, annoncé largement favori, le fit ricaner intérieurement : « comme d’habitude ! ». La journée de Monsieur avait été bonne, habituelle et sans surprise. Les étudiants avaient été attentifs à son enseignement, intéressés par ses propos et les méandres de son raisonnement. Aucune ombre n’obscurcissait son présent et il profitait de ce moment de quiétude sans s’inquiéter de l’orage qui commençait à gronder dans la pièce voisine, la cuisine.

C’est dans cette cuisine que se trouvait Madame au même moment. Après le repas qu’elle avait elle-même préparé dès son retour du bureau, après avoir fait quelques courses indispensables, elle s’était lancée dans le chargement du lave-vaisselle, le rangement de divers ustensiles éparpillés sur le plan de travail central. Elle s’agitait efficacement tout en réfléchissant sur sa qualité de vie, pesant le pour et le contre de sa situation. Elle aimait cet homme qui se détendait dans le salon et se sentait assurée d’être aimée par lui. Mais quel « macho » qui ne pensait même pas à lever le petit doigt pour l’aider, ne serait-ce qu’à débarrasser la table du dîner ! Chaque jour un peu plus, elle ressentait comme une gifle violente l’attitude désinvolte de son professeur de compagnon. En quoi sa journée avait elle été plus fatigante que la sienne ? C’était décidé : plus tard dans la soirée, au moment d’éteindre sa lampe de chevet, elle lui dirait les quatre vérités qu’elle avait sur le cœur depuis si longtemps. Elle n’avait que trop tardé à évacuer ce poids qui pesait sur son bonheur d’aimer et d’être aimée.

Le jour était levé depuis longtemps, lorsque Madame s’éveilla et constata que Monsieur n’était pas dans la chambre. Elle se précipita à sa recherche et le trouva lancé dans des opérations de ménage : il passait l’aspirateur dans les pièces de séjour de l’appartement. Elle réalisa alors qu’elle n’avait fait qu’un absurde cauchemar !


Les mots (Margaux)

C’est le lycée, je ne suis vraiment pas inspirée par le cours du professeur de Physique Chimie…

Cela me saoule littéralement car il se lance dans des explications compliquées et abstraites.
C’est l’hiver, la nuit tombe vite. Une lampe sur le bureau dévoile un halo de lumière et m’hypnotise. Je regarde depuis au moins trente bonnes minutes et suis obnubilée par un insecte. Il est coincé comme moi et se bat contre la lumière. Le pauvre ! Il bat desespérement des ailes. Cela me plonge dans une contemplation, je suis presque endormie par ce spectacle ne pouvant m’en détacher des yeux. Je suis à des lieues du cours.
Le professeur s’en aperçoit et m’interpelle :
– Mademoiselle, vous avez l’air passionné par mon cours ! Soit dit en passant si vous vous obstinez ainsi à ne rien écouter, lors des contrôles vous aurez un zéro pointé et une gifle peut-être par-dessus le marché !

Les autres élèves ne peuvent s’empêcher de ricaner, se réjouissant que cela ne soit pas à eux que cela s’adresse.


Une dispute (Julie)

J’ai pris ses mots comme une gifle. Pan, pleine poire ! 
– Fais pas ton professeur avec moi, hein ! Me prends pas pour un demeuré !
Il a insisté en se moquant. J’avais tort et ça allait se vérifier rapidement. 
Il s’est levé du canapé avec un air suffisant pour aller jusqu’à l’étagère de livres. En le voyant prendre le dictionnaire, je me suis senti bouillir.
M’humilier, il voulait m’humilier.
Il s’est rassis sur le canapé en ricanantdévoilant ses vilaines dents mal rangées qui m’ont carrément mis hors de moi. 
Pendant qu’il fouillait dans les H, j’ai attrapé la lampe sur le guéridon et l’ai frappé un grand coup derrière le crâne.
ET PAF !!! 
Il a basculé en avant en s’écrasant sur la table basse et le plateau de Scrabble. 
– Non, mais oh ! Je sais très bien comment ça s’écrit « Hipnotiser » ! Ça me fait 15 points.


(Anne-Marie)

Dans un monde hypnotisé, ce monde malade, un professeur nous donne des leçons de vie.
Il est temps d’ouvrir nos esprits et de dévoiler les solutions à la planète.
La lecture, l’écriture et tout type d’art comme la musique, la peinture, sans en exclure aucun, demeure le remède à nos maux.
Comment ne pas provoquer un éclaircissement, un émerveillement comme une petite lampe dans nos cœurs, comme une gifle aux agnostiques, aux sceptiques d’un univers meilleur ?

Le rire est un baume.

Alors ricanons ensemble à perdre le souffle, et sauvons notre humanité par notre grandeur d’âme.


Présage (Annie)

Un jour, je me trouvais dans un amphithéâtre lors d’une formation, à écouter un professeur. Il avait pour mission de nous préparer à la mise en place du plan blanc dans les hôpitaux en cas de pandémie.

Lors de son intervention, il nous dévoilait l’organisation du confinement de la population, la mise en place des hôpitaux de l’armée, la distribution des masques, la réquisition de la réserve médicale.

Tel une lampe, il voulait nous éclairer sur les risques majeurs en cas d’apparition d’un nouveau virus. C’était en 2009 pour le virus de la grippe H1N1. L’assemblée était sidérée, comme hypnotisée, certains incrédules ricanaient, d’autres terrifiés pâlissaient comme s’ils avaient reçu une gifle

Je me souviens avoir eu du mal à croire que cela arriverait, c’était surréaliste pourtant la pandémie est arrivée sans le confinement de la population. Et tous nous l’avons oubliée. C’était il y a dix ans et maintenant, elle est bien là.

4 Comment

  1. Merci tout d’abord pour vos textes que je prends plaisir à lire. Que ce soit Denis dans une maison, Margaux dans une classe de cours, Anne Marie qui me nourrit par sa manière de « gymnastiquer » le verbe et Annie avec la prise de conscience que nous ne savons pas entendre la nature lorsqu’elle a déjà envoyé des signes… Et toi Julie, époustouflante, qui libère notre colère au travers de l’imaginaire et des mots…

  2. Vos textes sont tous très différents et ils nous embarquent, de suite, dans des univers variés.
    J’aime leurs effets, c’est tout ce que j’aime dans la lecture !
    Merci à tous et j’ai également été soufflée par le texte de Julie !!

  3. J’ai beaucoup aimé tous vos textes, très différents les uns des autres !
    Julie, j’ai adoré le tien et je l’ajouterais bien à la liste de mes rires 😉

    Bonne journée à tous

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