Jamais tout blanc ou tout noir. Jamais tout à fait le ou la même, d’un jour à l’autre… Ne serions-nous qu’une somme de paradoxes ?
Aujourd’hui, on parle de contraires et de nuances pour répondre au défi !
Joëlle, Isabelle, Michèle, Alain et Lise ouvrent le bal des contrastes !
Photo: Congerdesign
(Joëlle)
J’adore rester à la maison, tranquille, sans bouger, mais aussi découvrir le monde.
Je suis pacifique mais je pratique les arts martiaux.
Je m’évertue à garder la ligne mais je dévore le chocolat et le cake aux fruits secs.
J’adore les enfants, mais je me suis débarrassée des miens, trop grands !
Pieds sur terre et tête en l’air (Isabelle)
Un jour, il y a bien longtemps, en consultant par hasard mon horoscope, j’ai lu ceci concernant mon signe : La Vierge.
« Pieds sur terre et tête en l’air »
Et je me suis dit à l’époque : « Mais bien sûr ! Je n’y avais pas songé avant, mais cela me définit parfaitement ! »
Je ne suis pas très portée sur la croyance de l’horoscope mais j’ai eu pourtant maintes fois l’occasion de vérifier cette affirmation me concernant :
On me dit perfectionniste mais trop souvent ma distraction me met dans des situations pas possibles et particulièrement stressantes… Alors qu’en amont, j’avais tout prévu pour ne laisser aucune place au hasard !
On me dit pragmatique alors que sur de nombreux sujets je garde définitivement l’âme idéaliste de ma jeunesse.
On dit que j’ai une mémoire d’éléphant ce qui est vrai. Je suis l’encyclopédie vivante du passé familial et je sais dater chaque évènement avec les anecdotes qui vont avec. Par contre je suis incapable de retenir rapidement les prénoms. Je vexe donc les gens récemment rencontrés en leur attribuant un nom qui n’est pas le leur.
Enfin, j’adore les rassemblements familiaux. Je les idéalise et les organise toujours pour qu’ils se déroulent au mieux. Hélas le moment venu, mes pensées s’éparpillent et au lieu de profiter à fond de mes proches, je réfléchis déjà à la prochaine réunion de famille. Où ? Quand ? Comment ? Je ne suis donc jamais dans le présent, mais toujours dans le passé ou l’avenir !
Et c’est mon drame…
Un paradoxe (Michèle)
Le magazine que je reçois à domicile directement dans ma boîte à lettres, le vendredi, avec mon journal quotidien, me laisse souvent un peu perplexe quant au contenu des articles. Puis ce matin j’ai décidé de me pencher plus sérieusement sur certains articles et surtout de prendre le temps de lire et de comprendre. Car j’ai parfois l’impression de ne de ne plus bien comprendre notre société actuelle – ce qui était vrai avant, ne l’est plus aujourd’hui…
Aujourd’hui je lis plus attentivement un article : Marc Simoncini fondateur de Meetic, s’y livre en nous analysant les vertus des échecs :
« Échouer, c’est avoir tenté de réussir »...
Au premier abord, on a l’impression qu’il enfonce une porte ouverte. Et pourtant prenons le temps de revenir sur cette phrase loin d’être banale. C’est quoi l’échec ? Tabou, ce mot en France. On ne le nomme pas mais on esquisse une situation qui en fait référence pour se ressaisir tout de suite en démontrant que finalement c’est la faute à untel. On le plaint pour vite s’écarter de lui comme une maladie honteuse.
En France on n’aime que les gagnants. les autres ne sont pas intéressants… mais paradoxalement ne se méfie-ton pas de celui qui va réussir trop vite ? En Amérique, c’est le contraire, on salue l’échec, considérant que c’est un gage de réussite. Les banquiers américains vont jusqu’à demander aux clients « leurs ratages » avant de leur prêter de l’argent. En 2011, la société Microsoft organise pour la première fois un congrès sur l’échec. L’entreprise FailCon organise le 22 octobre sur le thème du droit et même le devoir d’échouer car c’est une preuve que l’on a tenté de réussir… Respect !
Paradoxe(s) ? (Alain)
Le premier et seul paradoxe qui me vient à l’esprit tout de suite est ma devise personnelle quand j’étais en fin de carrière d’Agent Maritime (Shipping agent) : « Vague mais précis ».
Cela est antinomique et vient de la vérité sur le terrain. Suite à des éléments dont nous n’avions pas le contrôle, ce qui était prévu pouvait rapidement changer…. Il fallait s’adapter.
(Lise)
Alors que j’essayais de lister mes paradoxes…
J’adore voyager dans des endroits que je ne connais pas
Mais je déteste organiser les voyages
Je suis quelqu’un de très sociable, mes amis me manquent vite
Mais j’ai beaucoup de mal à entretenir les amitiés à distance par téléphone
J’adore la vie de famille
Mais je ne supporte pas la routine nécessaire pour donner une cadre rassurant aux enfants
J’apprécie les albums photos papier, j’adore les feuilleter chez mes parents et j’aimerais que mes enfants puissent en faire autant
Pourtant, je ne prends jamais le temps de m’en occuper et j’ai plusieurs années de photos en retard !
Je consomme presque exclusivement des aliments, cosmétiques et produits d’entretien bio
Mais je bois toujours un coca avec plaisir
La liste s’annonçait longue…
Un certain malaise m’a envahie. Comme une somme de petites gênes qui s’accumulent, des petites hontes incontrôlables qui rendaient l’exercice difficile et inconfortable… Face à ces aveux de contradictions, j’avais envie de tout changer !
J’ai soufflé un grand coup et laissé ma liste de côté… sans trop savoir quoi en faire.
Cette nuit, comme toutes les nuits depuis plusieurs semaines, je me suis levée pour donner un biberon. Le calme et la douceur de ces moments invitent à la réflexion… et si en fait, tout cela était bien normal et que c’était précisément dans ces paradoxes que se nichait notre humanité ?
Si être humain, c’était justement être capable de ne pas être binaire. Si cette complexité était inévitable et l’essence même de ce que nous sommes ? Si être moi, c’était justement la somme de mes paradoxes ? Et que resterait-il de moi sans ces contradictions ?
Le biberon avait été englouti. La petite personne dormait dans mes bras, repue. Et je n’avais plus envie de changer.
Il n’y a plus de coca dans le frigo. C’est mon poison de première nécessité, demain j’irai en chercher.
MERCI A TOUS. je prends toujours plaisir à vous lire….
le paradoxe est le mouvement de la vie entre perfection et imperfection. Le mouvement de Joëlle entre pacifisme et arts martiaux, celui de Isabelle entre ciel et terre, celui de Michelle entre échec et réussite, Alain entre inconnu et adaptation et Lise, mon coup de cœur de la journée, qui a fait avancer ma journée d’hier car assumer c’est atténuer la culpabilité…. Ce n’est bien-sûr pas que cela, mais que ce que j’en retiens…