Défi "confinés inspirés"

Défi J6 : Racontez-moi des salades ! (1/3)

Le confinement vous semble long comme un jour sans pain ?
Ne vous mettez pas la rate au court-bouillon ! Venez plutôt tailler une bavette autour de ces expressions qu’on adore, ou qui nous horripilent..
Michèle, Alain, Isabelle et Denis nous dévoilent ici les leurs.

Photo : Karolina Grabowska

(Michèle)

Mes expressions sont courantes à la maison pour :

Réduire les dépenses d’électricité
C’est pas Versailles ici…
Vous recevez Louis XIV ce soir ?
C’est pas l’hôtel ici…

Pour rassurer une personne inquiète
Ne te mets pas la rate au court-bouillon !

Quand la conversation s’envenime
Je PARLE !
J’ai pas fini…
Faut pas pousser mémé dans les orties !
On voit la paille dans l’œil de son voisin mais pas la poutre dans le sien…
Tu veux aller à la chasse au dahut… continue comme ça !

En cuisine
C’est le petit Jésus en culotte courte !
Ma doue beneguet… ( quand je rate un plat, en levant les bras au ciel !)


Lieux communs (Alain)

Il est vrai, parfois je guette les moments où quelqu’un citera un « lieu commun ». Un des premiers qui me reviennent, c’est : « C’était mieux de mon temps ». J’apprécie la réflexion faite là-dessus : « Quand on emploie cette expression c’est qu’on a fait son temps ». 

Je fais une différence avec les gens qui emploient des lieux communs au sujet du temps (météo). Surtout avec les gens que vous croisez pour la première fois, voire dans une salle d’attente par exemple. Souvent, ils parlent de la météo, pour faire un peu de conversation, meubler le tempssans risquer de contrarier leur interlocuteur.  

Un autre endroit où je suis à l’affût, c’est avant ou après une cérémonie funéraire. Je n’y vais que pour des proches, famille ou (anciens) amis. Je laisse mes oreilles trainer…  Pour capter la personne qui dira « On est bien peu de choses ! ».

Mon père aimait entendre : « On ne peut être et avoir été ». Il me précisait l’exception : « On peur être c.. et l’avoir été » !


L’un pour pousser l’autre ! (Isabelle)

Mon père et ma mère avaient tous deux une conception opposée de la vie. 

Le premier, plutôt cigale, voyait en chaque chose le verre à moitié plein tandis que la deuxième, du genre fourmi, se désolait toujours de ce que le verre soit à moitié vide. Et leurs deux expressions favorites, répétées tout au long de mon enfance, résumaient à elles seules leurs caractères respectifs et leur rapport à l’argent.

Au début de leur vie commune, ils ont pendant des années « tiré le diable par la queue » (expression de ma mère). Par la suite, leur situation financière s’est améliorée jusqu’à parvenir à une certaine aisance. Cependant, ma mère garda toujours de cette période la crainte du lendemain, préférant économiser plutôt que de dépenser en futilités, car « ma fille, il  faut toujours garder une poire pour la soif !». 

A l’inverse, mon père, de nature insouciante et gardant le souvenir des privations de sa jeunesse, a toujours considéré que l’argent était fait pour être dépensé, car « on ne l’emportera pas au paradis ! » Et pour convaincre ma mère et faire taire ses scrupules à chaque dépense superflue, il lui glissait d’un ton désinvolte : Ne t’inquiète pas Suzon ! « Tant qu’il y en aura un pour pousser l’autre…»

J’ai toujours adoré cette expression ! Je visualisais la scène des sous, qui comme des dominos, se poussaient à l’infini les uns les autres jusqu’au fond du porte-monnaie. Et ma foi ! C’était plutôt rassurant pour l’enfant que j’étais.

En vieillissant, j’ai toujours gardé en tête les deux adages de mes parents. Comme ma mère j’ai besoin de me garder une poire pour la soif, et je constitue mon petit matelas sécurisant. A l’inverse, et grâce à mon père, je sais aussi dépenser pour me faire plaisir car, tant qu’il y en aura un pour pousser l’autre, il n’y a pas raison de s’en faire ! Ainsi, les deux m’ayant légué leur vision de la vie cela me permet de trouver le juste équilibre et lorsque je m’installe devant un bon repas, j’entends encore la voix réjouie de mon père : « Petit ventre réjouis-toi ! Tout ce que je gagne est pour toi ! »


Les expressions (Denis)

Elles nous agacent mais nous les utilisons régulièrement, sans même nous en rendre compte.

  • Demain, il fera jour.
  • A chaque jour suffit sa peine.
  • Il faut changer de paradigme.
  • Ce discours est inaudible.
  • Il faut rendre l’entreprise plus agile.
  • Y a qu’à …
  • Il faut qu’on …
  • Quand le vin est tiré, il faut le boire.
  • Tout ça n’est que de la bouillie pour les chats.

Et tant d’autres que nous prononçons sans y prêter attention, mais que nous ne supportons pas d’entendre. Est-ce un signe de l’appauvrissement de nos modes d’expression ? ou bien est-ce un effet du formatage général auquel nous soumet la société médiatique ?

Nos anciens, peut-être plus taiseux, avaient leurs expressions, plus lapidaires. Mes grands-parents se limitaient à quelques :

  • Bou-diou…
  • Scegneugneu…

Ça sentait bon la campagne ! Nostalgie, quand tu nous tiens !

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