Défi "confinés inspirés"

Défi J9 : S’effacer (2/4)

Le 9e défi d’écriture : pas de « je » et des verbes à l’infinitif pour nous transmettre les gestes d’un rituel !
Joëlle, Brigitte et Denis nous livrent les leurs…

Photo : Stanislav Kondratiev

Coquille de noix (Joëlle)

Quinze juillet, départ en vacances !
Comme l’écureuil, il nous faut stocker :
Les verres et assiettes en arcopal
Ranger dans les coffres les sacs de couchages, les oreillers
Serviettes, torchons, couteaux fourchettes
Comme les fourmis en longues processions, aller et venir les mains chargées
Emboiter dans les placards, avec astuces un maximum d’objets
La lampe de poche, le rouleau de sopalin, le papier toilette
Emporter des livres, des jeux de société, le maillot de bain
Quelques boites de conserves, du jus de raisin (du vin)
Vérifier les pneus, les phares, l’huile, le petit frigo.

Emporter les raquettes de badminton, le jeu de scrabble
La jupe, les claquettes, le paréo, le parasol
Et partir loin, ailleurs, poser nos bagages au paradis
Retrouver la famille, les amis, organiser une autre vie.
Découvrir la Suisse, l’Espagne, l’Italie
Manger dehors toujours, visiter, découvrir, s’émerveiller
Et le soir, tous ensemble à la lueur du gaz, manger et rire
Construire des souvenirs, des moments inoubliables, 
Entre famille et amis pour toute une vie.


Le plaisir des rituels (Brigitte)

Sourire au passage du panneau « Bienvenue en Charente Maritime » au retour d’un périple quel qu’il soit !!!

S’étirer comme un chat chaque matin, inspirer, sentir et se dire qu’une belle journée va commencer.

Pédaler chaque vendredi, traverser la ville pour sortir en mer, et nager* en cadence : pleine coulisse !!! 

Se remettre au lit avec un bon livre après le petit déjeuner.

S’émouvoir du silence qui précède les premiers mots de l’atelier de philosophie avec des élèves.

Déguster un capuccino en plein hiver sur les bords du chenal face aux deux tours de La Rochelle.

Boire une bière à « la Corniche » face au phare du bout du monde après une longue absence.

* le mot nager dans l’expression « nager en cadence » s’applique au mouvement de rame d’un aviron de mer


Golf à l’infinitif (Denis)

C’est le rituel, tous les deux ou trois jours (en temps normal, hors confinement bien sûr !).

Au réveil, choisir les vêtements appropriés : polo, bermuda ou pantalon de toile, léger.

Prendre un petit déjeuner un peu plus consistant que d’habitude ; préparer deux petits sandwiches avec du pain de mie, du jambon et des cornichons ; les mettre dans un petit sac en plastique qui rejoindra dans le sac à dos une banane et la sacro-sainte bouteille d’eau d’au moins un litre et demi. Se bien nourrir et se désaltérer régulièrement : des règles d’or à respecter scrupuleusement par les golfeurs avertis.

Ne pas oublier de débrancher la batterie du chariot électrique, qui avait été mise en charge la veille au soir, et introduire celle-ci dans le sac à dos ci-dessus mentionné. 

Partir en voiture et parcourir en moins de trente minutes, par les petites routes de campagne, les 28 kilomètres jusqu’à parvenir sur le parking du Club.

De là, rejoindre à pieds le local à chariots. Retrouver le mien dans ce capharnaüm, l’en extraire puis insérer victuailles et boissons dans les poches du sac contenant les clubs, balles et autres accessoires, lequel est posé, solidement retenu par des sandows, sur ledit chariot. Installer la batterie à l’emplacement dédié, brancher le fil d’alimentation du moteur et tourner le bouton de commande pour faire avancer le « véhicule ». 

L’air fier et décontracté, suivre le chariot en le dirigeant vers sa prochaine destination : le club-house. En chemin, cent mètres tout au plus, saluer les copains et faire la bise aux copines, s’émerveiller de leur nouvelle tenue ou de la qualité de leur bronzage (ça fait toujours plaisir à entendre !).

Dans le club-house, saluer toutes les personnes présentes et dire quelques amabilités à la Secrétaire ou au Directeur, s’enquérir de l’état, toujours excellent, du parcours, pronostiquer l’évolution du temps au cours des prochaines heures, puis prendre une carte de score pour y inscrire les résultats chiffrés de nos improbables exploits futurs.

Aller prendre un petit café au bar avant de se diriger vers le départ du trou numéro 1 pour y retrouver son ou ses partenaires du jour. Jauger du regard leur état de forme en espérant déceler des signes de faiblesse ou de fatigue qui pourraient laisser envisager une contre-performance de leur part. Mettre la casquette pour se protéger des ardeurs du soleil, enfiler le gant à la main gauche, sortir un club du sac pour effectuer quelques mouvements d’essai en guise d’échauffement.

Mon tour venu, taper le premier coup en évitant de paraitre trop ridicule, puis souffler un grand coup pour se décontracter à l’amorce de l’exercice au long cours qui s’annonce. Prendre les coups l’un après l’autre sans ruminer les erreurs commises aux précédents. Accepter les scores avec humilité, satisfaction parfois, fatalisme plus souvent encore.

Applaudir sincèrement les belles réalisations des partenaires, mais s’abstenir de toute réaction verbale à la vue du pitoyable spectacle d’un coup envoyant la balle de l’un d’eux dans un obstacle, voire hors des limites du terrain (décompter en silence les pénalités encourues !).

Content mais fourbu, rejoindre le bar au sortir du green du 18ème trou pour y commander la boisson rafraichissante tant attendue : une bière, un Chose, un thé glacé… Là, finir de compter la carte, la commenter brièvement sans rechercher les excuses aptes à expliquer l’ampleur du score du jour, aussi désastreux soit-il.

Aller ranger le chariot dans le local dédié, récupérer la batterie avant de rejoindre la voiture et rentrer à la maison : 28 kilomètres en moins de trente minutes.

Poser les affaires, prendre une douche et se promettre de faire mieux la prochaine fois. Savourer le moment présent, conscient de s’être fait plaisir en poussant tant bien que mal cette petite balle blanche, objet de nos rêves ou de nos cauchemars…

1 Comment

  1. Joëlle, cela sent bon les vacances en famille, Je te vois bien Denis sur un green au milieu de la verdure. croquer la vie avec toi Brigitte doit être un moment de bonheur… Merci à tous

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