lecteur de votre livre
écrire son autobiographie

Trois choses que votre lecteur attend de vous

La tête dans vos souvenirs, les doigts filant sur le clavier, vous savez ce que vous voulez raconter. Bien souvent, vous savez même exactement ce que vous voulez que le lecteur comprenne et en retienne. Mais lui, qu’attend-il au juste tandis qu’il lit votre récit ?

1 – Le lecteur veut la vérité

Au risque de me répéter, je vous rappelle que l’exercice autobiographique exige la vérité, ou du moins votre plus entière sincérité. J’en ai parlé ici et , notamment. Les lecteurs assidus vont me reprocher de radoter, je n’insiste donc pas. (Mais c’est important quand même !)

Si vous annoncez que vous avez écrit votre récit de vie (et non pas une fiction inspirée de votre vie), le lecteur prendra vos dires pour argent comptant. Donc, retenez-vous d’enjoliver, de vous donner le beau rôle ou de vous inventer une carrière d’agent secret ! (à moins que vous n’ayez vraiment été agent secret, bien sûr.)

2 – Le lecteur a besoin de repères

Votre lecteur ne vous connaît pas forcément

Ce qui est formidable avec les autobiographies, les mémoires et autres journaux (plus ou moins intimes), c’est qu’on n’imagine pas le nombre de lecteurs potentiels qu’on a

Peut-être qu’à l’origine vous destinez votre livre à vos enfants, à vos amis les plus proches. Mais chaque livre a un avenir qui échappe à son auteur. Parce qu’on l’attrape au vol dans la bibliothèque d’un ami, parce que quelqu’un nous le prête pour telle ou telle raison (« Lis ce passage où ma mère raconte les grèves de Mai 68, c’est hallucinant ! » par exemple), ou parce que génération après génération, il reste dans le patrimoine familial

Je me souviens encore des grimaces à l’atelier quand j’ai proclamé (avec désinvolture) aux participants que leur livre allait leur survivre… Pardon les amis, je manque parfois de tact lorsqu’on parle littérature !

jeune fille qui lit votre livre
Votre lecteur portera peut-être un jean troué…

Votre lecteur est peut-être né en 2080…

Alors, imaginez dans quelles mains votre livre pourrait bien atterrir dans 20, 50 ou 100 ans ?!

Il convient donc d’être le plus précis possible. Car certains de vos lecteurs ne vous connaitront pas. Mais également parce que certains passages ont déjà un parfum de Moyen Âge pour les plus jeunes. Alors quand on parle des aïeuls, nés au 19è siècle, exerçant des métiers qui n’existent plus, on est carrément à l’ère préhistorique !

Les repères, ce sont les dates, les lieux, une partie du contexte historique qui permet d’expliquer les faits. La fameuse règle du journalisme : « Quoi, qui, où, quand et pourquoi » fonctionne très bien ici.

3 – Mais le lecteur n’a pas envie qu’on lui explique tout !

Gardons nos commentaires pour nous…

Des repères, c’est essentiel. En revanche, votre lecteur n’a pas forcément envie que vous interprétiez tout à sa place et que vous commentiez systématiquement les faits. Lorsqu’on écrit son histoire, on a tendance à pécher par excès, à vouloir tout expliquer. A vouloir être certain que le message est bien passé.

Un exemple : « Ma sœur avait brisé la tasse préférée de notre mère. Le soir, elle m’accusa en racontant sans se démonter une scène complètement imaginaire où je cassais exprès l’objet. Elle était terriblement méchante avec moi. »

Supprimez la dernière phrase : le lecteur a bien entendu saisi la méchanceté de la sœur.

Elle lui saute d’autant mieux au visage quand l’auteur ne livre pas sa propre conclusion.

Et laissons au lecteur le plaisir de tisser le sens de l’histoire !

Et dans cette économie de mots, deux notions apparaissent :

  • votre habileté d’écrivain : vous n’avez pas besoin de tout expliciter pour faire surgir du sens, il transparaît naturellement de votre narration des faits et de vos descriptions, plutôt que de vos commentaires. Il ne faut pas affirmer, il faut prouver !

 

  • le plaisir du lecteur : songez à l’excitation que procure un roman policier. Ce que le lecteur apprécie, c’est d’échafauder ses propres théories en reliant les indices semés çà et là par l’auteur. C’est d’opérer lui-même ce travail de compréhension et d’interprétation de l’histoire. Comme toujours finalement – ce qui nous arrive tout cuit dans le bec est nettement moins savoureux ! (Quelle formidable philosophe je fais…)

 

Pas si facile à mettre en pratique, me direz-vous… Je suis bien d’accord ! Mais ce qu’on peut garder en tête :

  • être sincère,
  • toujours s’appuyer sur des faits précis,
  • éviter de prononcer des jugements de valeur (« c’est bien, magnifique, méchant, idiot, mesquin, injuste… ») et privilégier les faits pour laisser le lecteur se forger sa propre opinion.

Bon courage !

 

2 Comment

    1. Tout à fait !
      Et qu’on nous laisse faire travailler nos neurones, notre logique et notre sens de la déduction (notre instinct également) !

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