écrire son autobiographie Lectures inspirantes

6 astuces pour ne pas écrire « ennuyeux »

Mis à part sous la contrainte, avez-vous déjà lu (en intégralité ça va de soi) un ouvrage qui vous arrachait des bâillements à chaque page ?
Car il n’est rien de pire qu’un récit plat et insipide. Or, on ne veut pas que notre lecteur survole notre récit, saute des pages. On veut au contraire qu’il accroche et soit tenu en haleine !
Mais vous n’écrivez pas un thriller… Comment faire pour plonger le lecteur dans votre livre et l’y « scotcher » ? Allons voir !

photo : Rahul Shah

1 – Racontez du concret, encore du concret !

Dans toute bonne histoire, il y a… de l’action !
Ne vous affolez pas, quand je parle d’action, je veux dire par là qu’il nous faut des anecdotes. Votre lecteur vient en effet chercher des faits avant de venir écouter vos idées sur le sens de la vie.
Vous avez tiré de grandes leçons de votre expérience, elles ont forgé vos valeurs :
– que l’amitié c’est important,
– qu’il est parfois préférable de cacher son jeu,
– qu’on doit toujours suivre son intuition etc.

Mais comment en êtes-vous arrivé.e à cette conclusion ?
Ce qui nous intéresse en tant que lecteur, c’est l’expérience en elle-même, la scène de vie au cours de laquelle vous avez compris ce grand principe.
Ce qu’il faut retenir : méfiez-vous des notions et propos abstraits – on veut du CONCRET !
Et le concret, c’est lorsque votre lecteur peut visualiser ce que vous racontez…

2 – Sollicitez les cinq sens du lecteur

Le concret, c’est donc ce qu’on peut visualiser. Mais ça ne suffit pas !
Pour faire vivre votre récit, il est important de donner à voir, mais aussi à sentir, à entendre, à toucher et à goûter à votre lecteur…
Il aura alors l’impression de vivre la scène à vos côtés.
Posez-vous les bonnes questions : qu’est-ce qui se déroule autour de ce que vous racontez ?

  • Y a-t-il du chahut ? Un silence de cathédrale ?
  • Fait-il si chaud que vous transpirez ?
  • Quelles sont les odeurs qui flottent autour de vous ?
  • Et à cet instant, que ressentez-vous et comment votre corps l’exprime-t-il ? (Vous avez les jambes coupées / Vous frissonnez de peur / Votre coeur tambourine / Votre vue se brouille ?)
Photo : Ba Phi

Décrivez tous ces détails importants avec le plus de précision possible.

3 – Faites parler vos personnages

Dans la vraie vie, on parle, on fait du bruit !
On maugrée, on fulmine, on susurre, on assène, on expose, on bafouille, on s’insurge, on s’esclaffe, on murmure… Bref, vous avez compris.
Insérez un peu d’oralité dans votre livre en relatant des dialogues ou des paroles qui vous ont marqué.e par leur propos ou leur ton.
Sentez-vous libre de ne pas utiliser la ponctuation traditionnelle pour rapporter ces paroles.
Vous pouvez simplement revenir à la ligne et commencer par des tirets.
On trouve aujourd’hui beaucoup d’ouvrages (romans en majorité) qui ne distinguent même plus les marques de dialogues.

Il y avait eu un silence
Matt avait demandé si les films super 8 existaient toujours. Si Nel les avait retrouvés.
S’ils sont quelque part c’est chez Tante Josette.
Tu crois qu’on pourrait aller la voir.
Nel avait dit oui.
C’était une des rares de la famille à être proche de Fabien.
Cette semaine, avait dit Matt. On essaie d’y aller cette semaine.

Légende, Sylvain Prudhomme
Dans la vraie vie, on dialogue, non ?

4 – Livrez (un peu de) vous

On ne le répètera sans doute jamais assez. Oui, vous allez essayer de narrer les événements le plus objectivement possible.
Mais non, vous ne pouvez pas être totalement transparent(e) !
Votre lecteur attend que vous vous dévoiliez un minimum : votre autobiographie n’est pas (seulement) un récit historique.
On a besoin de votre point de vue, de savoir ce que vous avez pensé et ressenti lors de l’événement que vous relatez. De vous découvrir entre les lignes. Osez dire ce que vous vous racontiez dans votre for intérieur !

Le risque, si vous souhaitez trop arrondir les angles, vous cantonner en terrain neutre, c’est de frustrer celui qui vous lit. (Je vous parlais des risques de l’autocensure ici...)

[…] je pense à mon père. Lui aussi, à la fin de sa vie, comme George, il tenait un journal sur un carnet qu’Anne-Catherine et moi lui avions offert. Et lui aussi n’y parlait quasiment, et malheureusement, que d’actualité ou de politique, pas de sa vie, de sa maladie (Parkinson), de ses habitudes, de ses peurs et de ses plaisirs. Après sa mort, j’ai attendu plusieurs jours, retourné, impatient, avant de le lire. Mais je m’en fous, de savoir ce qu’il pensait de Sarkozy, de Maastricht ou de la télé qui ne passe plus que des conneries. […] J’aurais voulu qu’il écrive ce qu’il se disait le matin au réveil, ce qu’il faisait l’après-midi quand ma mère était au jardin, ce qu’il imaginait de sa vie, à elle, quand, bientôt, il ne serait plus là, ce qu’il pensait de la sienne, s’il était content de celle de ses enfants, Valérie et moi, s’il se faisait du souci pour nous. Papa, quoi, flûte.

La Serpe, Philippe Jaenada

5 – Comblez les attentes (égocentriques) de votre lecteur

 » Parlez-moi d’moi / Y a qu’ça qui m’intéresse / Parlez-moi d’moi / Y a qu’ça qui m’donne d’l’émoi «  a écrit Guy Béart. (Et sans doute que Philippe Jaenada serait-il un peu d’accord !)

Vos premiers lecteurs feront probablement partie de votre cercle proche. Or, la loi de proximité chère aux journalistes (le lecteur sera plus intéressé par l’information la plus proche de lui, que cette proximité soit géographique, temporelle, affective ou sociale) peut vous aider à capter leur attention !
Loin de moi l’idée d’amadouer votre lecteur avec de mielleuses paroles cependant. Je dis simplement qu’on peut piquer sa curiosité en lui transmettant des détails de sa propre histoire.

Pourquoi ?
Parce qu’on a tous envie de mieux se connaître et se comprendre…
Et peut-être que vous détenez une clé de cette connaissance de soi.

Quelques exemples de questions à se poser pour parler de notre premier cercle de lecteurs (enfants et petits-enfants) :

  • Dans quelles circonstances est né chacun ?
  • Quel était votre état d’esprit, votre situation d’alors ?
  • Quel regard portez-vous sur leurs 1ères années ?
  • Quels ont été les épisodes et anecdotes marquants de leur petite enfance ?
Éclairez leur lanterne !

C’est peut-être l’occasion également d’expliquer certains choix que vous avez pu faire et qui les concernaient.
Ou encore d’écrire noir sur blanc à vos proches ce qu’ils représentent pour vous, ce qu’ils ont de particulier à vos yeux et combien vous tenez à eux.
(Mais bien sûr, vous faites ce que vous voulez !)

6 – Accrochez votre histoire à l’Histoire

Entrelacez votre histoire à la Grande !
Vous allez dire que je vous bassine avec mon arrière-plan historique, non ?!
(Parce qu’effectivement, j’en ai déjà parlé dans ce billet !) Mais ces moments sont gravés dans l’imaginaire collectif et le patrimoine de notre société. Ils fournissent des repères à votre lecteur qui vont permettre de situer votre récit par rapport à de grands événements.

Vous avez assisté, de près ou de loin, à des épisodes qui ont fait bouger les lignes : témoignez !
Politique, culturel, sociétal, économique, environnemental… Ce sont des marqueurs de l’époque.

  • Avez-vous entendu des récits de guerre dans votre famille ?
  • Que faisiez-vous pendant Mai 68 ou la vague hippie ? (certains l’ont raconté dans ce blog : ça commence ici !)
  • En 1981, avez-vous fait la fête ou la grimace ?
  • La chute du mur du Berlin a-t-elle provoqué des émotions chez vous ? Et celles des Twin Towers à New-York ?
  • etc.

Ce qui passionnera votre lecteur, c’est de découvrir l’histoire par votre « petit bout de la lorgnette » !
Mais aussi de constater que les choses n’ont pas toujours été telles qu’il les connaît et de mesurer à quel point elles évoluent vite, TRÈS vite…
C’était comment l’époque du service militaire obligatoire ?! Le plein emploi ? Et avant la loi Veil ?


On récapitule ?
Gardez en tête ces six conseils lorsque vous écrivez et saupoudrez votre récit d’éléments fascinants pour vos lecteurs !

Pour un lecteur captivé, il nous faut :
1 – De l’action, comme dans un film
2 – Des sensations, pour le plonger dans un univers inconnu
3 – Des gens qui parlent, parce que c’est ça la vie
4 – Des confidences, pour qu’il tende une oreille un peu plus attentive
5 – Des marques de considération, car ce lecteur n’est pas n’importe qui
6 – Des faits historiques, pour lui montrer le monde sous un nouveau jour

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